Architectes comme designers se sont passionnés pour elle. Et pour cause, la lumière plante le décor, elle crée l’ambiance, exprime la structure du lieu, le rend plus fonctionnel avec des luminaires casse-tête pour leur créateur et mythiques pour le public. Fondamentaux dans l’histoire du design, les luminaires sont plus qu’aucun autre objet, objets de désir, témoins privilégiés de l’histoire du design mondial. Flash back sur 10 luminaires intemporels et leurs histoires chargées d'audace.
1/10
La lampe à poser « Pipistrello » de Gae Aulenti, Martinelli Luce
Martinelli Luce
S’il n’y avait qu’une lampe star à élire parmi les lampes cultes, elle serait sûrement l’heureuse élue. La «Pipistrello» profite d’une aura rarement égalée dans l’univers design. Elle date de 1965 et à l’époque où l’Italie misait double sur le fonctionnalisme industriel et la couleur à gogo, son succès est une réelle surprise. Pour couronner le tout, l’auteure de ce succès est une femme – dans un monde très masculin la remarque s'impose. Elle s’appelle Gae Aulenti. Les français devront notamment à cette architecte et designer le Musée d’Orsay et le réaménagement du Centre Pompidou.
Côté objets design, Gae Aulenti pulvérise avec soin les conventions avec sa fameuse «lampe chauve-souris», «pipistrello en italien». Sa forme organique, son abat-jour font échos aux ailes d'une chauve-souris tandis que son pied élancé évoque le style viennois des années 1900… Détail qui ne sera guère du goût des designers radicaux de l’époque. C'est une lampe de table ou de sol au choix, radicale sans être totalement détachée de son patrimoine génétique, la Vienne du début du siècle. Une œuvre aujourd’hui mythique et pas seulement exposée dans les salons contemporains puisque la «Pipistrello» fait acte de présence au Moma à New York.
2/10
La suspension « FlowerPot » de Verner Panton, &Tradition
&Tradition
Emblématique des seventies, la «FlowerPot» de Verner Panton témoigne à elle seule de l’importance de l’éclairage dans le style scandinave. Pour son designer, la lampe faisait partie pleinement du décor, mieux encore, il l’envisageait comme une sculpture trônant au milieu de la pièce. Imaginée en pleine fièvre «Flower Power», cette suspension aux coloris ultra gais témoigne de l’originalité de l’époque et sa volonté d’expérimenter de nouvelles choses. Pour le maître danois, l’expérimentation se joue du côté des matériaux, des couleurs et des techniques de production. Résultat: sa suspension aux accents futuristes fonctionne sur un jeu d’emboîtement de deux coupoles en métal. Un design loin de la rigueur et des lignes droites du style scandinave qui lui doit certainement sa longévité dans nos intérieurs…
3/10
La lampe à poser « Nesso » de Giancarlo Mattioli, Artemide
Artemide
Impossible de croiser la lampe de table «Nesso» sans penser aux années 70. Pop par essence, elle compile les obsessions de la décennie psychée à suivre : ronde, colorée, curieuse. Si certains perçoivent dans son profil devenu mythique un champignon – psychédélisme oblige ! – l’histoire suggère qu’il s’agirait plutôt d’un clin d’œil au nombril d’une femme. Nesso signifiant «lien» et «cordon» dans la langue de Dante.
Cette drôle de lampe est née en 1967 de la main de l'architecte Giancarlo Mattioli. Fervent défenseur d’un design fonctionnel avec son groupe Gruppo Architetti Urbanisti Città Nuova, il imagine cette lampe de table qui bouleverse les codes du design par son matériau et sa forme – l’ampoule est rendue invisible grâce à ce profil champignon. Surprenante, elle remporte la même année le premier prix du concours Studio Artemide /Domus à Milan. L’autoroute du succès est alors ouverte pour l’éditeur italien Artemide et cette lampe de table ultra chaleureuse, future icône du design et des années 70.
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4/10
L’applique « Marseille » Le Corbusier, Nemo
Nemo
Parmi les nombreux chef-d’œuvres du Corbusier, la série de luminaires «Marseille» connaît un regain d’intérêt. Rééditée par l’éditeur milanais Nemo, ces luminaires se dévoilent sous un jour nouveau, plus iconique que jamais, rappelant la fluidité des rapports entre l’architecture et le design chez Corbu. Comme souvent dans le parcours du maître, l’objet est né chez lui, dans l’appartement qu’il occupait avec sa femme, rue Nungesser à Paris. Il s’y faisait un plaisir d’expérimenter ses créations... comme celle-ci.
Cette applique s’inspire de l’éclairage industriel de l’époque fifties. Munie d’un abat-jour composé de deux cônes symétriques, elle offre deux types d’éclairage direct et indirect. Architecturale, moderne, ludique, elle en dit long sur son créateur qui l’a naturellement baptisée «Marseille», puisqu’elle gagnera les appartements témoins de la Cité Radieuse à Marseille, pièce majeure de l’œuvre de l’architecte. «Nos yeux sont faits pour voir des formes dans la lumière ; la lumière et l'ombre révèlent ces formes ; les cubes, les cônes, les sphères, les cylindres ou les pyramides sont les grandes formes primaires que la lumière révèle avantageusement ; l'image de ceux-ci est distincte et tangible en nous sans ambiguïté. C'est pour cette raison que ce sont de belles formes, les plus belles formes». Soixante ans plus tard, impossible de contredire le maître…
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5/10
La lampe à poser « AJ » de Arne Jacobsen, Louis Poulsen
Louis Poulsen
Drôle d’oiseau, la lampe de table «AJ» fait partie de ces meubles et objets cultes qui ont été spécialement créées pour aménager le SAS Royal Hôtel de Copenhague. Cet hôtel incontournable de la capitale du Danemark a été commandé par la compagnie aérienne scandinave SAS au maître du design scandinave Arne Jacobsen. Un hôtel gratte-ciel faussement prétentieux quand on connaît la simplicité danoise. La simplicité, cette lampe icône en est la démonstration experte. Sublimée pour ses 60 ans d’un festival de couleurs(vert foncé, ocre, rouille, bleu nuit…), cette petite merveille rétro brille par son design intemporel et son éclairage fonctionnel. Le diffuseur est orientable et l’intérieur est peint en blanc afin de rendre la lumière plus douce. La douceur de vivre version danoise résiste au temps, la preuve encore…
6/10
Le lampadaire « Arco » d’Achille Castiglioni, Flos
Flos
Évoquer les luminaires cultes du design sans mentionner l’italien Achille Castiglioni tient du sacrilège. Le voici enfin dans notre liste avec son spectaculaire lampadaire «Arco», dessiné comme souvent en duo avec son frère Pier Giacomo, en 1962. La fonctionnalité est leur priorité. Ce qui des décennies plus tard peut paraître surprenant tant l’esthétisme de leur objet réussirait presque à faire de l’ombre à sa fonctionnalité tant désirée.
Dans la familleCastiglioni, la lumière est une vraie passion et ce lampadaire spectaculaire - un best-seller chez l’éditeur Flos - en est la preuve. Il est né d’une volonté d’éclairer la table tout en laissant suffisamment d’espace autour de cette dernière. Ils imaginent donc ce luminaire dont la base est éloignée d’au moins deux mètres de la table. Un luminaire à l’équilibre parfait, dont l’hallucinante courbe d’acier marquera à jamais les fans de design. De sa base en marbre blanc de Carrare jaillit cet arc d’acier inoxydable où une tige télescopique permet de régler la hauteur du diffuseur, situé au-dessus de la table. Minimaliste et fonctionnel, «Arco» devient très vite une star du design comme ses créateurs. Plus que fonctionnel et minimaliste, «Arco» (et tant d’autres encore) témoigne de la vitalité qui s’empare de cette Italie de l’après-guerre, férue absolue de design industriel mais toujours intelligent.
7/10
La suspension « Vertigo » de Constance Guisset, Petite Friture
Petite Friture
La nouvelle génération, elle aussi, produit des mythes côté design. «Vertigo», lustre incroyablement poétique, présenté au Salon Maison & Objet en janvier 2010 en est la preuve. Cette impressionnante sculpture mouvante s’est imposée dans de nombreux foyers de la génération Y, devenant ainsi un vrai best seller made in France.
Son histoire est un pari sur le futur, agrémentée d’un certain sens de la fidélité. Constance Guisset, sa designer, est encore étudiante à l’époque où elle l’élabore pour un projet d'école autour de la cabane à montrer soi-même. Elle passe des nuits entières à la composer avec des rubans en tissu. La future star du design hexagonal prendra alors le pari un peu fou de faire confiance à une jeune maison d’édition, qui a à cœur de développer des projets singuliers : Petite Friture. A sa tête, Amélie du Passage dit avoir eu «un coup de cœur» pour «Vertigo». Nombreux seront les suivants, car ces deux aventurières du design ont depuis produit ensemble maintes objets cultes.
Composée d'une structure en fer, fibre de verre et polyuréthane, la suspension «Vertigo» sublime et singularise une pièce par son époustouflant volume et sa légèreté. Une fois allumée, ses fines bandes et sa mobilité magnifient la lumière et projettent un joli motif ombré sur les murs environnants. Onirique, poétique, légère, il est facile d’accoler un paquet d’adjectifs à cette suspension, alors qu’exceptionnelle suffirait, en toute simplicité.
8/10
L’applique « Potence pivotante » par Charlotte Perriand, Nemo
Nemo
Charlotte Perriand n’aimait guère l’idée de décoration. Pour elles, les luminaires n'étaient pas un élément décoratif ajouté sans raison, mais un élément fonctionnel et technique, un outil et un objet répondant à des besoins spécifiques. L’applique «Potence Pivotante» apparaît comme une parfaite illustration de son style utile en tout point. Dans la lignée de ses meubles les plus iconiques, cette lampe refuse l’immobilité. Dotée d’un long bras (200 cm), elle s’adapte à la pièce et à nos besoins d'un simple geste de la main. Conçue en 1938, elle est aujourd’hui encore un exemple en matière de design: son apparente simplicité n’est qu’audace et fonctionnalité.
9/10
PH 3½-3 de Poul Henningsen, Louis Poulsen
Louis Poulsen
Terriblement moderne pour son époque - 1926 très précisément -, la suspension «PH 3½-3» de Poul Henningsen continue à propager sa lumière et son extrême modernité aujourd’hui encore. Imaginé par l’architecte et designer danois Poul Henningsen, elle a été pensée quasi scientifiquement avec son éditeur Louis Poulsen qui, durant l’entre deux guerres, recherche à tout prix «la perfection de la lumière». Le système PH né de leur volonté commune de produire une lumière aussi confortable qu’exceptionnelle. Les 3 abat-jours superposés de l’iconique «PH 3½-3» apparaissent comme la solution. L’ampoule est encerclée d’abat-jours en métal et en verre jouant l’effet de réflecteurs garantissant une lumière diffuse et douce pour la pièce. Outre la prouesse technique et ce jeu de réfections subtiles, l’association graphique des trois abat-jours a fait entrer à jamais cette lampe dans la postérité.
10/10
La lampe de bureau « Original 1227 », Anglepoise
Anglepoise
A quoi reconnaît-on un chef-d’œuvre du design ? A son nombre de copies, hélas. Maintes fois copiées, jamais égalée, la lampe d’architecte de la marque britannique Anglepoise demeure un classique. Ingénieur industriel et chercheur dans l’automobile au début des années 30, George Cawardine imagine un système composé de plusieurs ressorts permettant à un objet de garder la position dans laquelle on l’a mis. En 1932, il dépose le brevet de son invention et imagine une lampe de travail articulée qui pourrait combiner la flexibilité ultime et un équilibre parfait. Anglepoise et son inégalable lampe de travail «1227» naissent dans la foulée. Si la lampe séduit au départ les professionnels pour son aspect dépouillé et ultra pratique, les concepteurs développeront une version domestique plus déco pour séduire un plus large public. Les angles s’adoucissent et les couleurs s’imposent. Plus de 80 ans plus tard, la lampe au look industriel continue de parfaire les bureaux et plus encore...